Enseignant-chercheur au département Info-Com (option « Métiers du livre ») de l’IUT Nancy-Charlemagne, membre du Centre de Recherche sur les Médiations (CREM, Université de Lorraine), Claude Poissenot étudie les publics (et non-publics) des bibliothèques depuis une vingtaine d’années sans renoncer à interroger la manière dont cette institution se présente à la population qu’elle dessert.
Il propose une réflexion dans La nouvelle bibliothèque : contribution pour la bibliothèque de demain (Territorial Éditions, 2009) et développe son questionnement dans un blog sur le site de Livres-Hebdo.
De l’usager à l’individu autonome : les institutions culturelles face à la seconde modernité
Les institutions culturelles ont vu le jour dans un contexte sociologique définissant l’individu comme un usager à modeler. Cette vision impliquait une forme de soumission des usagers à un ordre culturel dans lequel les institutions avaient un rôle légitime et reconnu de prescription. La modification de la définition de l’individu liée à ce que les sociologues désignent par la « seconde modernité » se traduit par la revendication de l’affirmation de la personne de chaque individu. Nous ne sommes pas de la pâte à modeler mais un matériau déjà préconstruit qu’il s’agit de respecter. Cette évolution discrète mais forte trouble les institutions culturelles qui doivent remanier leur manière de s’adresser à la population qu’elles desservent. À partir du cas des bibliothèques, je montrerai la nécessité, la difficulté de cette évolution et aussi les initiatives qui s’inscrivent dans cette direction.