Samuel Thyrion, sociologue, consultant cabinet COPAS, conseil en pratiques et analyses sociales, Lille.
Formé à la sociologie et aux sciences politiques, son expérience professionnelle trouve sa cohérence dans un engagement continu dans la mise en oeuvre et/ou l’accompagnement des politiques sociales au sens large : développement social, éducation, jeunesse, formation, etc.
Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Rennes et de l’Institut de Sociologie de Lille, il a démarré son parcours professionnel comme directeur d’un centre de formation audiovisuel et multimédia, puis comme consultant en communication publique et chargé de mission à l’Institut Régional de la Ville (centre de ressources régional Politique de la ville du Nord Pas de Calais).
Consultant depuis 2008 de la SCOP COPAS (Conseil en pratiques et analyses sociales), il a en particulier accompagné les travaux du Département du Nord sur le Développement social local.
DSL, derrière les initiales…
Le Développement Social Local n’est ni une démarche nouvelle, ni un dispositif de plus. Il s’agit plus fondamentalement d’une démarche pragmatique qui se préoccupe du renforcement du lien social, dans une société marquée par l’individualisme. Dans ses principes, le DSL invite à « faire autrement ». En changeant de posture et de regard vis à vis des personnes pour leur permettre de reprendre du pouvoir sur leur propre vie et leur environnement. En modifiant nos pratiques et habitudes de conduite de l’action publique (la gouvernance).
L’intervention consistera à partager quelques éléments de contexte pour comprendre pourquoi le DSL est aujourd’hui une démarche porteuse et mobilisatrice et d’en exposer ses grands principes d’action tels qu’ils ont été élaborés dans le cadre d’une formation-action qui a réuni en 2011 près de 200 personnes (élus, professionnels des institutions et des associations, usagers-citoyens, etc.). Il s’agira en dernier lieu d’exposer quelques défis à venir pour que le DSL ne reste pas cantonné à une somme d’expériences, aussi pertinentes soient-elles.
– – – – – –
Stéphanie Pryen, sociologue, maître de conférence à l’Université de Lille 3, Laboratoire Clersé
Stéphanie Pryen est sociologue à l’université de Lille III, enseignante chercheuse dans le Master « Métiers de la Culture », responsable du parcours « Développement et action culturels dans les territoires ».
Elle interroge avec les étudiants de ce parcours, dans un dispositif de type recherche action « diagnostic partagé », ce qui fait développement sur des « territoires », à partir de « commandes » qui leur sont faites par des lieux relevant du secteur artistique, culturel ou par des collectivités locales. Elle est membre du laboratoire Clersé (Cnrs / Lille1).
Comment la perspective des droits culturels réinterroge-t-elle les versions du « développement » au travail sur les territoires ?
Les travaux de Stéphanie Pryen portent notamment sur les actions et les politiques culturelles qui croisent les actions et les politiques sociales. Ils questionnent les déclinaisons et les versions parfois antinomiques du développement dans ses liens avec le secteur culturel.
Son intervention reviendra sur les pistes concernant les effets ambivalents de la mobilisation des pratiques artistiques et culturelles dans l’action sociale et la difficile mais nécessaire articulation entre reconnaissance et redistribution. Elles seront nourries des échanges construits depuis quelques années avec les professionnels du Conseil Général du Nord, et plus récemment leurs collègues des autres départements impliqués dans la démarche d’appropriation des droits culturels.
– – – – – – –
Patrice Meyer-Bisch, philosophe.
Il est coordonnateur de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme (IIEDH) et de la Chaire Unesco pour les droits de l’homme et la démocratie, Université de Fribourg ; fondateur de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels (programme de l’IIEDH). Il mène des recherches d’observatio-action dans plusieurs pays en Europe, en Afrique de l’Ouest et au Maghreb. Son enseignement porte sur l’ensemble des droits de l’homme dans leurs rapports au politique et à l’économie, en particulier les droits culturels et les droits économiques.
La puissance sociale des droits culturels
Les liens entre le culturel et le social apparaissent avec de plus en plus d’importance, mais leur nature est encore très imprécise. Le culturel se trouve le plus souvent restreint et marginalisé vers les arts ou vers les communautés de migrants. En réalité le culturel traverse et structure tout le tissu social, à condition de le comprendre à son niveau fondamental : tout ce qui concerne les savoirs, ceux de la vie quotidienne comme ceux qui sont spécialisés, ces savoirs
qui assurent une « circulation du sens » entre les personnes, les groupes et leurs activités. Toute texture sociale se forme, se développe, se maintient et s’adapte, à partir de tissages de savoirs. Là se situent les principales sources de développement individuel et collectif, mais aussi de souffrances et de conflits. L’approche par les droits culturels permet de mettre concrètement en lumière cette texture du social inscrite dans les territoires.