Bilan de la recherche-action, le 14 octobre 2020, Saint-Denis
Nous développons depuis 2016 une recherche-action sur les leviers culturels du pouvoir d’agir qui nous a amené à explorer plus avant la question de la participation des habitants à la rénovation urbaine et à l’espace public dans les quartiers Politique de la ville.
Nous avons traversé la France du nord au sud pour nous arrêter dans cinq villes, de Saint-Pol-sur-mer à Marseille en passant par Saint-Denis, Paris et Clichy-sous-bois. Relogement, aménagement d’espace publics, intervention artistique et organisation communautaire sont autant de points de vue et de méthodes qui envisagent le développement du pouvoir d’agir des habitants à travers leur participation à la rénovation urbaine et à l’espace public.
Ces 5 territoires ont menés des démarches participatives qui s’appuient sur une mobilisation forte des habitants. Au cours de ces processus, ils ont été confrontés à des problématiques récurrentes :
Comment prendre en compte la diversité culturelle ?
Comment assoir la légitimité de parole de groupes dits “non organisés” ?
Comment concilier le temps des professionnels et des habitants ?
Comment favoriser la participation sans formatage ou assignation ?
Les espaces de travail créés par cette recherche-action permettent aux acteurs d’envisager des coopérations plus équilibrées en meilleure connaissance du travail des uns et des autres. Ces espaces de prise de recul et d’analyse de pratique font systématiquement défaut dans les situations professionnelles et sont extrêmement bienvenus pour faciliter les synergies, voire décrisper les acteurs parfois en position de blocage.
Les problématiques auxquelles sont confrontés les acteurs publics en co-responsabilité restent trop souvent non résolues et nécessitent de mieux s’organiser autour de leurs enjeux communs. Il devient nécessaire d’identifier des modes opératoires qui impactent l’amélioration des conditions de vie des personnes et interrogent les conditions de travail des acteurs. La recherche-action propose une méthode de coopération à travers l’analyse de pratiques partagée au regard des droits culturels, efficiente tant pour comprendre les raisons des situations de blocage que pour trouver les solutions pour y remédier.
HABITER
L’analyse de pratiques au regard des droits culturels permet de déployer le verbe « Habiter » dans toutes ses dimensions : santé, alimentation, logement, vie sociale, éducation, loisirs, services, commerces, sécurité, pratiques artistiques, jardinage, écologie, aménagement, protection sociale, travail etc. Ce déploiement semble indispensable au développement du pouvoir d’agir des personnes en contexte de rénovation urbaine et dans la réhabilitation ou ré-habitation des espaces publics.
Notre attention aux droits culturels permet d’identifier plus précisément l’importance des aspects culturels de toutes ses dimensions : nous ne vivons pas tous de la même façon, n’exerçons pas les mêmes pratiques alors que nous habitons un même lieu. Ces aspects culturels permettent de mieux comprendre les significations que les habitants et les acteurs qui les accompagnent donnent à leur vie quotidienne. Une telle conception de l’ « habité » semble aller à l’encontre du compartimentage des politiques publiques et de leur cloisonnement. Or, cette prise en compte semble être la condition indispensable au respect de la dignité humaine et l’exercice d’une démocratie pleine et entière.