Par Patrice Meyer-Bisch
Argument présenté le 18-20 octobre 2018 dans la Ville de Mexico dans le cadre de la remise du Prix Prix International CGLU – VILLE DE MEXICO – Culture 21, catégorie « personnalité ».
Argument
Les grands mots utilisés au singulier, comme la culture, la pauvreté, le développement durable, y compris « la » diversité, sont souvent des leurres, car ils sont réducteurs de leurs multiplicités de relations entre sujets, verbes et compléments. « La » culture de qui et de quoi ? « Le » développement de qui et de quoi ? De même pour l’économie ou pour la pauvreté qui apparaissent « hors sol » et cachent les personnes et la complexité des systèmes sociaux. Le pluriel concret des singuliers, celui des êtres humains et non humains avec leurs multiples liens, est certes déconcertant, mais nécessaire pour se défaire des « essentialismes » et de leurs illusions. Quels sont les sujets et les objets de la culture, de l’économie de la démocratie et de leur développement mutuel ? Les droits humains permettent cette grammaire politique du concret, celle qui ne fait pas disparaître les sujets, leurs verbes et compléments derrière des substantifs donnés comme évidents.
Affirmer haut et fort que « la culture » est un volet important dans le développement ne suffit pas, d’autant plus qu’on entretient alors un flou dommageable entre une interprétation large ou réduite à l’expression ambiguë « artistique et culturel ». La démonstration politique et juridique est à faire à partir des différents domaines inter-reliés d’action culturelle. « La » culture ne peut être employée comme sujet, car le terme désigne une série d’actions, plus exactement d’interactions. Le seul usage correct du singulier sous-entend l’acte de cultiver, ce qui renvoie à la nécessité de définir les auteurs et les domaines concernés : la culture de… la famille, des arts de la rue, de la démocratie…, dans des espace-temps désignés. Cette pluralité des singuliers n’enlève rien à la possibilité d’y trouver de l’universel, dans chaque cas. Tel est l’enjeu des droits, libertés et responsabilités culturels, des normes transversales concrètes et opposables.